Le remake de Dragon Quest III HD-2D bouscule les codes de la célèbre franchise en remplaçant les étiquettes de genre traditionnelles par des termes neutres. Un changement audacieux qui divise la communauté des joueurs.
Une évolution vers plus d’inclusivité
Sorti le 14 novembre dernier, cette version remasterisée du classique de 1988 développé par Square Enix abandonne les désignations « homme » et « femme » pour les personnages. À la place, on trouve désormais des options comme « Apparence A » et « Apparence B ». Un choix qui s’inscrit dans une tendance plus large de l’industrie du jeu vidéo vers davantage d’inclusivité.
Cette évolution permet à tous les joueurs d’accéder aux mêmes options de personnalisation, qu’il s’agisse des traits de caractère ou de l’équipement. Pour beaucoup, c’est un pas dans la bonne direction. Nayuta Miki, universitaire transgenre et fan de longue date de la série, explique comment les designs genrés traditionnels pouvaient être aliénants : « Même quand je choisis d’être ‘femme’ dans un jeu vidéo, je me suis sentie étouffée… comme si on me disait que je n’étais pas une vraie femme. »
Une décision qui divise les fans
Cependant, tous les fans ne voient pas ce changement d’un bon œil. Certains estiment que cela « détruit l’image du jeu original ». Même Yuji Horii, le créateur de Dragon Quest, a exprimé ses réserves lors d’un panel au Tokyo Game Show : « Qui se plaint même de cette histoire de ‘homme’ et ‘femme’ ? Je ne comprends vraiment pas. »
Ces commentaires ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, provoquant de vives réactions. Certains posts incluaient même des remarques discriminatoires envers les personnes transgenres, notamment après avoir été relayés par Elon Musk sur X (anciennement Twitter).
Dragon Quest : une saga emblématique en pleine mutation
La franchise Dragon Quest, créée par Yuji Horii et développée par Square Enix (anciennement Enix), est l’une des séries de RPG les plus emblématiques et influentes de l’histoire du jeu vidéo. Depuis ses débuts en 1986, elle a établi les standards du genre, avec des personnages mémorables, une narration profonde et un style artistique unique signé Akira Toriyama, le créateur de Dragon Ball.
Connue pour son mélange d’éléments fantastiques classiques et de mécaniques de RPG modernes, Dragon Quest est devenue une véritable institution culturelle, en particulier au Japon. Avec plus de 80 millions d’exemplaires vendus dans le monde, la saga s’est imposée comme une référence incontournable du genre RPG. Les changements apportés à Dragon Quest III HD-2D s’inscrivent dans une tendance plus large de la série à évoluer vers des cadres plus neutres en termes de genre, à l’instar d’autres franchises comme Pokémon.
Un débat qui dépasse le cadre du jeu vidéo
Cette controverse autour de Dragon Quest III HD-2D illustre les défis auxquels l’industrie du jeu vidéo est confrontée pour s’adapter aux évolutions sociétales. Elle soulève des questions importantes sur la représentation et l’inclusivité dans les médias, tout en mettant en lumière les tensions entre tradition et modernité dans une franchise aussi emblématique.
Alors que le débat fait rage, une chose est sûre : Dragon Quest continue de captiver les joueurs et de susciter des discussions passionnées, preuve de l’importance culturelle de cette saga légendaire. Reste à voir comment Square Enix parviendra à concilier les attentes des fans de longue date avec les aspirations d’une nouvelle génération de joueurs en quête de représentation plus inclusive.
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