Dragon Age: The Veilguard – Un RPG politiquement correct à l’extrême

Une expérience de jeu aseptisée qui perd de sa saveur

Les jeux vidéo ont toujours été un moyen d’échapper à la réalité ou de la réfléchir à travers la fiction. Les RPG immersifs en particulier offrent une expérience unique où le joueur incarne un personnage devant faire des choix moraux (ou immoraux) qui influencent le déroulement de l’histoire. C’est un concept qui peut sembler geek, mais qui génère des revenus colossaux : Baldur’s Gate 3 a dépassé le milliard de dollars de ventes et raflé de nombreux prix.

Cependant, le dernier opus de la saga Dragon Age, The Veilguard, pousse le concept d’inclusivité à l’extrême, au point d’en devenir caricatural. Contrairement à Baldur’s Gate 3 qui offrait de nombreuses options tout en laissant une grande liberté au joueur, The Veilguard adopte une approche maladroite de l’inclusion trans, symptomatique d’un jeu qui cherche à tout prix à cocher toutes les cases du politiquement correct.

Des personnages lissés à l’extrême

L’un des problèmes majeurs de Dragon Age: The Veilguard est le manque de profondeur de ses personnages. Tous semblent avoir suivi une thérapie intensive, discutant de leurs problèmes de manière posée et résolvant les conflits de façon appropriée. Si l’intention est louable, le résultat est malheureusement insipide.

Cette approche aseptisée prive le jeu de tensions narratives intéressantes et de dilemmes moraux complexes qui font habituellement le sel des RPG. Les joueurs se retrouvent face à des personnages trop lisses pour être crédibles, loin des anti-héros ambigus ou des antagonistes charismatiques qui ont fait le succès de la franchise par le passé.

Un monde sans nuances

Le monde de Dragon Age: The Veilguard souffre également d’un manque flagrant de nuances. Les conflits sont souvent présentés de manière manichéenne, avec des solutions évidentes qui ne laissent que peu de place à la réflexion du joueur. Cette approche contraste fortement avec les précédents opus de la saga, qui n’hésitaient pas à aborder des thèmes complexes et à placer le joueur face à des choix difficiles aux conséquences imprévisibles.

L’univers du jeu, autrefois riche et nuancé, semble avoir perdu de sa substance au profit d’une vision simpliste et moralisatrice. Les factions autrefois complexes sont réduites à des caricatures, privant le joueur de la possibilité de naviguer dans les eaux troubles de la politique de Thédas.

Une narration qui manque de punch

La narration de Dragon Age: The Veilguard pèche par son manque d’audace. Les enjeux semblent artificiellement gonflés, mais le traitement des thèmes abordés reste superficiel. Les dialogues, autrefois percutants et mémorables, sont désormais empreints d’une prudence excessive qui les rend souvent insipides.

Cette approche timorée de l’écriture s’inscrit dans une tendance inquiétante chez BioWare, autrefois réputé pour ses scénarios audacieux et ses personnages complexes. Le studio semble avoir perdu de vue ce qui faisait la force de ses jeux, au profit d’une approche consensuelle qui peine à captiver le joueur.

Un gameplay qui peine à compenser

Malheureusement, les faiblesses narratives de Dragon Age: The Veilguard ne sont pas compensées par son gameplay. Si certaines améliorations techniques sont notables, comme l’utilisation de technologies capillaires avancées, elles ne suffisent pas à masquer un système de combat peu inspiré et des mécaniques de progression trop linéaires.

Le jeu semble avoir perdu de vue l’équilibre subtil entre narration et gameplay qui faisait le charme de la série. Les choix du joueur, autrefois cruciaux, semblent avoir moins d’impact sur le déroulement de l’histoire, renforçant l’impression d’une expérience sur rails.

Un avenir incertain pour la franchise

Dragon Age: The Veilguard marque un tournant préoccupant pour la franchise. En cherchant à plaire au plus grand nombre, le jeu perd ce qui faisait son identité et sa force. Cette approche aseptisée risque de décevoir les fans de longue date, sans pour autant attirer un nouveau public.

Il est à espérer que BioWare saura tirer les leçons de cet épisode et retrouver l’audace qui a fait sa réputation. En attendant, les joueurs en quête d’une expérience RPG plus mature et nuancée devront probablement se tourner vers d’autres titres.

Un pas en arrière pour le genre

Dragon Age: The Veilguard représente malheureusement un pas en arrière pour le genre du RPG. En sacrifiant la profondeur narrative et la complexité morale sur l’autel du politiquement correct, le jeu perd ce qui faisait la richesse de l’expérience Dragon Age. Il est à espérer que cette tendance ne s’étendra pas à d’autres franchises, au risque d’appauvrir un genre qui a tant à offrir en termes de réflexion et d’exploration des thèmes adultes.

Julien Nayret

Julien Nayret

Expertise RPG, Compétitif
Jeu du moment Path Exile 2, Marvel Rivals, League of Legends
Articles publiés 420

Laisser un commentaire